Vos prochaines vacances auront lieu au Japon ? Vous devriez en profiter pour participer aux jeux de tables. Les croupiers japonais y sont de vrais professionnels, et pour cause, être croupier est une profession. Il s’agit d’un savoir-faire qui s’apprend dans une académie spécialement dédiée aux croupiers. L’académie mais à la disposition des élèves une salle de jeu avec de vrais tapis verts. Une nouveauté surprenante, sachant que le monde des jeux d’argent entretient une relation ambiguë avec le gouvernement.
Au cœur de la ruche commerciale de Shibuya, à Tokyo, une vitrine attire l’attention. Coincée entre un magasin Apple et Ray Ban, la vitrine annonce une nouvelle industrie. « Vous êtes la STAR !! » est-il écrit. Un peu plus loin, dans cette zone grouillante d’activité se trouve un petit casino. Une salle de jeux de tables complète. Plusieurs personnes sont dispersées sur des tables de roulette, de baccarat ou encore de Blackjack.
La scène est familière, un croupier « croup » fait ses jeux devant une dame venue tenter sa chance. Les sourcils froncés, les cartes glissent et se ramassent sur fond de tapis vert. Tout semble normal à une différence près. Les joueurs ont payé des milliers de yens pour se trouver à ces tables de jeu. Ces joueurs sont en réalité stagiaires. Leur ambition : devenir un des croupiers japonais professionnels dans une industrie en cours de développement.
Croupiers Japonais : gouvernement et jeux d’argent
La relation entre le gouvernement japonais et les jeux de hasards est sporadique. Surtout après l’arrestation en décembre dernier de Tsukasa Akimoto. Il s’agit d’un des principaux politiciens du parti au pouvoir. Ce dernier est soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin d’un opérateur chinois. Ce dernier proposait des jeux de loterie en ligne.
La loterie n’est pas formellement interdite au Japon. Divers jeux de loterie y sont autorisés. D’autres types de paris sont permis dans le domaine des courses de chevaux, de hors-bords, de vélos ou encore de Pachinko. Un jeu japonais ressemblant au flipper se jouant à la verticale. Le secteur des jeux d’argent est donc, au Japon, relativement large et la législation très floue.
Cependant, depuis plus d’un siècle, les activités de casino sont strictement interdites. Toutefois, le Premier Ministre Japonais Shinzo Abe, incite le pays à l’ouverture des premiers casinos de « Villégiature intégrée ». En effet, ces casinos hôtels seraient calqués sur le modèle des établissements de Macao. Le Las Vegas asiatique. Le Japon pourrait-il s’affranchir de son passé communiste pour s’ouvrir au marché des jeux ?
Une envie de changement
Durant l’arrestation de M. Akimoto, les Japonais ne se sont pas particulièrement montrés défavorables à la décision du gouvernement.
En 2016, M. Abe a promulgué une législation par le biais du parlement. Cette dernière donne au Japon le feu vert pour les casinos en principe. Un calendrier approximatif annonce l’ouverture du premier casino, qui serait prévue vers 2025.
Les grands de l’industrie mondiale des casinos sont prêts à se battre pour les trois licences qui seront à gagner. Une concurrence blanchie par les estimations selon lesquelles les casinos japonais pourraient rapidement devenir une industrie. Le secteur devrait générer environ 20 milliards de dollars par an.
Un peuple à conquérir
Récemment, la ville de Yokohama a accueilli le premier salon commercial de villégiature du pays. Des émissaires de Las Vegas, Macao et d’autres centres de jeux ont tenté de convaincre le public japonais. Afin de les persuader qu’ils ont tort d’être si obstinément résistants à une proposition où la maison gagne toujours. Il reste un long chemin à parcourir avant qu’une seule carte ne soit distribuée.
Le gouvernement doit encore décider des normes de certification. Un conseil d’administration du casino doit encore être créé. Le gouvernement doit sélectionner quelles villes recevront une licence pour même choisir un opérateur. Le Premier Ministre Japonais se montre toujours aussi enthousiaste.
Mais M. Abe semble toujours enthousiaste, donc l’hypothèse est que tout cela se produira.
Les croupiers japonais ont leur académie !
C’est là qu’intervient la prestigieuse Japan Casino Academy (JCA) de Shibuya. Elle vise à enseigner aux croupiers japonais comment se développer dans une industrie encore inexistante. Il faudra débourser 1,5 million de yens (14000 $) pour le cours premium. Malgré le manque actuel de casinos, les directeurs de la JCA ont fait leurs calculs. Le Japon, selon eux, aura finalement besoin de 10 000 croupiers formés.
Un défi de taille dans un pays où la population japonaise diminue rapidement. Et où la « pénurie de personnel » était l’une des causes de faillite des casinos en 2019.
Croupiers japonais : les avantages du métier
Mais le gain potentiel pour des centaines de diplômés de la JCA est séduisant. Un emploi dans un dépanneur ou un restaurant paie 1 000 yens par heure. Les casinos, selon le directeur de l’école Masaki Shiraishi, paieront aux revendeurs des taux horaires allant jusqu’à 3 000 yens.
Les cours comprennent des unités sur la gestion, cela aidera également les diplômés à obtenir une promotion précoce. À l’école de Shibuya, 57% des candidats sont des femmes. Jusqu’à il y a quelques semaines, les frais semblaient élevés mais demeurer un bon investissement.
Le développement des casinos au Japon est donc un pari sur le premier ministre. Sur la capacité de M. Abe, de réussir à faire passer une idée impopulaire face à un public désapprobateur.
L’arrestation de M. Akimoto a notamment refroidi les investisseurs. Les sondages affichent clairement une désapprobation commune de la population. Le renversement le plus frappant a été enregistré parmi les partisans naturels du Premier Ministre. Cependant, le Japon peut tout de même parvenir à s’émanciper de son passé communiste pour s’ouvrir davantage au monde des casinos. Le secteur représenterait un apport significatif en capitaux.
Le Japon se placerait ainsi en nouvel arrivant sur le marché des jeux d’argent. Tout comme le Vietnam qui lui aussi, entame des changements profonds concernant l’univers des jeux d’argent et de hasard. Le Vietnam envisage lui aussi d’accueillir un nouvel établissement de villégiature avec casino intégré. Cette infrastructure devrait voir le jour au cours de l’année 2020.