Allemagne : 50% des jeux en ligne passent par des sites illégaux

Depuis quelques années, l’Allemagne a adopté une série de lois sur les jeux de hasard. L’objectif était d’unifier les réglementations sur les jeux d’argent et apporter un cadre stricte aux casinos en ligne. Pourtant, loin d’améliorer la protection des joueurs, il semblerait que ces règles aient eu un effet pervers en ralentissant le développement du secteur. Conséquence ? 50% des jeux en ligne passerait via des sites illégaux sur le territoire.

50% des joueurs allemands jouent sur des sites illegaux

Jeux illégaux en Allemagne: un constat inquiétant

Il est parfois de bonnes idées qui, malheureusement, ne rencontrent pas leurs objectifs. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre pour exemple le cadre légal mis en place pour réguler les jeux d’argent.

Selon une récente étude, la législation aurait eu pour conséquence de ralentir le développement d’une offre légale de casinos en ligne en Allemagne. Le résultat est sans appel : 50% des joueurs se dirigent vers des sites de pari ou casino en ligne situés hors du territoire. Selon la loi, ils sont donc illégaux car exerçant sans licence légale en Allemagne.

Or, en 2019, près de 70% des Allemands favorisaient des sites légaux sous licence. Alors, que s’est-il passé ?

50% des joueurs jouent sur des sites offshore

Les conclusions de Gunther Schnabl, économiste de l’Université de Leipzig, dans son étude, dressent le portrait d’un marché allemand du jeu qui est loin d’être stable. Fait intéressant, une majorité de joueurs n’accordent aucune importance à l’origine de la licence.

Sur internet, ils ont accès à une énorme offre de casinos en ligne, offrant des promotions très attractives. En outre, même si ces offres sont illicites en Allemagne, les joueurs y trouvent manifestement leur compte.

Tant les sites de paris que les casinos en ligne réclament donc de nouvelles mesures améliorant et facilitant l’obtention d’une licence légale en Allemagne.

Cependant, selon l’Autorité commune des jeux de hasard des Länder (GGL, pour son acronyme allemand), l’étude ne reflète pas la réalité.

Une étude orientée en faveur des casinos en ligne ?

Cette étude a été commanditée par l’Association allemande des casinos en ligne et l’ Association allemande des paris sportifs. On peut donc supposer qu’ils prêchent pour leur paroisse. Cependant, il serait dommage de ne pas prendre en considération certains aspects de cette étude. En effet,  les points qu’elle met en lumière restent intéressants.

Il semble en effet que, malgré les efforts des Länder pour orienter les joueurs vers des offres autorisées, environ la moitié des jeux d’argent en ligne allemands continuent de se dérouler sur le marché illégal.

Le rapport estime, en outre, que les trois quarts des revenus des jeux en ligne proviennent du marché noir.

Il est vrai que les joueurs sont très sollicités sur internet avec des offres bonus ultra attractives. En outre, si certains relatent de mauvaises expériences en termes de remboursement des gains, ce n’est pas le cas de tous. Raison pour laquelle les casinos en ligne légaux et sites de paris en ligne sont contraints de monter au créneau.

Les acteurs légaux désavantagés ?

L’Association allemande des casinos en ligne ( DOCV) et l’ Association allemande des paris sportifs (DSWV) sont moroses. Alors qu’ils sont soumis à des règles strictes, ils voient fleurir, en toute impunité, des casinos en ligne et sites de jeux. Or ces derniers n’ont pas les mêmes contraintes qu’eux.

Le DSWV affirme aussi que des centaines de millions d’euros sont perdus en impôts. Cela a un impact sur les gouvernements des États et met également en danger la sécurité des joueurs.

Le GGL indique sur son site Web qu’il existe environ 800 à 900 sites accessibles depuis l’Allemagne qui proposent des jeux de hasard sans licence. Il s’agit, ajoute-t-il, d’une baisse par rapport à l’année dernière. Cependant, au regard du nombre de plateformes sous licence, environ 50, le déséquilibre est flagrant.

Une fiscalité pesante pour les casinos en ligne

Les opérateurs iGaming agréés en Allemagne sont également désavantagés par rapport à leurs homologues offshore. Les réformes de la loi sur les paris et les loteries en 2021 ont conduit à la création d’une taxe de 5,3 % sur toutes les mises pour les paris, le poker en ligne et les machines à sous en ligne.

Le régulateur affirme que ce segment, qui représente environ 3 % du marché total disponible, vaut jusqu’à 500 millions d’euros . Il s’agit d’une somme d’argent importante, dont un pourcentage considérable pourrait être reçu par le gouvernement fédéral et celui des États.

Par ailleurs, au moins deux Länder allemands ont opté pour un monopole lorsqu’ils ont commencé à structurer leurs marchés de jeux en ligne. Pour les opérateurs, ce n’est pas la bonne solution. D’ailleurs, certains pays, comme la Finlande, ont compris que c’était une proposition perdante qui fait fuir les joueurs.

Que demandent les casinos en ligne allemands ?

À la lumière de l’étude, le DSWV exige un changement. Il souhaite voir une expansion rapide des licences. Ils veulent une amélioration de la concurrence, une réglementation efficace de la publicité et la mise en œuvre de réformes fiscales.

Le GGL a tenté d’introduire le blocage obligatoire des sites Web par les FAI. Cependant, contrairement à la France, la loi allemande ne l’autorisé pas. Un tribunal a jugé plus tôt cette année qu’il n’existait aucune base légale pour le blocage des sites Internet d’un opérateur de jeu étranger.

Les opérateurs aimeraient voir une refonte des lois en vigueur afin de voir une harmonisation des lois concernant les jeux. Cependant, certains Etats allemand, dans lequel existe déjà un monopole, seraient peu enclins à mettre en péril leurs positions.